Depuis un peu plus de 2 ans, la roulotte a avancé lentement et j’en étais très complexée. C’est depuis peu que j’ai décidé de changer l’histoire que je me racontais en boucle. J’ai fait le bilan de tout ce qui s’est passé pendant toutes ces années…
Pierrot, une rencontre de l’Univers
Revenons à Narbonne, nous sommes au printemps 2019. Je fais la connaissance de Pierrot sur un groupe Facebook dédié aux roulottes. Il venait de répondre à une annonce que j’avais passé une semaine auparavant. J’y expliquais que j’avais un projet fun de construction de roulotte et que je n’avais ni matos, ni savoir-faire. À l’époque, j’espérais jeter une bouteille à la mer, priant pour que quelqu’un m’aiguille sur la marche à suivre.
La première rencontre avec Pierrot a été une évidence. J’ai passé un premier week-end chez lui afin de se présenter. Son énergie, sa bonne humeur, sa confiance m’ont énormément rassurée. Je me suis sentie soutenue !
Tout s’est ensuite très vite enchaîné. Il m’a trouvé, quelques jours après, un châssis et nous avons travaillé ensemble pendant 1 mois environ. Je faisais des allers-retours Narbonne-Montpellier du vendredi au lundi. Ensemble, nous avons une force de travail exceptionnelle, je vois la roulotte se monter très rapidement et Pierrot devient une figure paternelle.
Mauvaise nouvelle…
C’est lors d’une après-midi que tout bascule. Nous rentrons de Leroy Merlin, la voiture chargée de bois et au retour de la maison, nous tombons nez à nez avec des flics sont sur place. Ils expliquent à Pierrot qu’il doit détruire sa maison, qu’il a mise 4 ans à construire sur son terrain. La préfecture a monté un dossier de 50 pages avec photos pour justifier de l’illégalité de son ranch, construit en totale récup.
C’est un revirement effroyable pour lui. Il a 3 mois pour tout enlever. Tout doit partir : l’habitat de 2 pièces, l’écurie abritant 2 chevaux, ses poulaillers et les deux roulottes. Les flics lui promettent de faire un recours possible en soutenant son dossier. Mais il ne fallait pas compter dessus.
Pierrot a déménagé ma roulotte ailleurs, toujours à Narbonne, dans un endroit où nous avons pu continuer le chantier. Plus le temps passait et plus je sentais qu’il se renfermait. Sa vie s’est assombrie et notre communication s’est peu à peu rompue.
…qui m’invite à déménager la roulotte
J’ai rapatrié la roulotte à Montpellier, grâce à un ami (j’en parle dans cet article) pour continuer la construction plus près de moi. J’imaginais pouvoir échanger avec Pierrot de temps en temps, malgré cette nouvelle configuration.
Sauf que deux mois après, nous étions confinés et je traversais un deuil amoureux. J’ai mis le projet de côté et je m’en voulais énormément. Je m’en voulais de ne pas être à la hauteur, de ne pas avoir su prouver que je « valais le coup », que j’étais forte et fun.
Certes, j’alimentais toujours mes réseaux sociaux de photos ou d’idées (je pense notamment aux ateliers-brico que j’ai mis en place en 2021) pour avancer le chantier, mais avec l’inquiétude latente de ce que les gens pouvaient penser de moi.
Remises en questions difficiles
En fait, je n’avais pas réalisé à quel point j’étais seule. Seule psychologiquement et physiquement. Je n’avais plus de mentor technique et mon amitié avec Pierrot s’est éteinte. J’avais beaucoup de peine face à ce qu’il traversait et l’année covid a renforcé cette sensation d’impuissance.
Moi qui me sentais pleine de possibilités dans ma vie amoureuse, avec pour projet commun cette roulotte, je me suis retrouvée toute seule, abandonnée, face à cette énorme maison en bois de 8m². Je me suis sentie tout d’un coup bien trop petite, et incapable de reprendre le contrôle. Mon énergie de gagnante s’était évaporée.
Et pourtant, vous pouvez me croire : à aucun moment je n’ai songé arrêter le projet. Jamais. J’ai même eu une opportunité de rachat, que j’ai refusée. Non pas par culpabilité ou peur de regretter de ne pas finir quelque chose que j’avais commencé. Tout simplement parce que c’est une évidence de la garder. Elle fait partie de moi, de ma vision, de mon futur.
Et puis dernièrement, j’ai rencontré de nouvelles personnes et je me suis fait un nouveau compagnon de chantier. Je vous le présenterai dans un article suivant !
Le projet avance de nouveau, avec une allure d’1 journée de bricolage par semaine. J’ai repris confiance en moi.